Faire la gueule pour séduire
Prenons l’exemple de Donald Trump qui a su emballer une grande partie de l’Amérique. Si on sui son modèle, une stratégie de séduction masculine efficace c’est quand distance, dureté et gentillesse ou flatterie alternent pour capter l’attention sans jamais chercher à plaire.
Il existe des visages immédiatement séduisants, et d’autres qui suscitent plutôt la curiosité, voire la fascination. Parmi ceux-là, certains imposent le respect sans un mot. Ce sont les visages fermés, aux traits un peu durs, à l’expression volontairement détachée. Ce qui impressionne, ce n’est pas un sourire engageant, mais plutôt cette manière de dire « je n’en ai rien à faire » avec le regard. Ce qui rend ces visages captivants, c’est le contraste qu’ils suggèrent. Derrière l’armure, on devine parfois un enfant capricieux, une émotion contenue, une tendresse refoulée.
Le cas Donald Trump
Ce n’est pas par sa gentillesse ni par sa chaleur qu’il a conquis l’attention du monde, mais par un visage presque toujours sévère, une mine rarement satisfaite. Et pourtant, dès qu’il gagne, le masque tombe. Il se met à danser, à plaisanter, à se comporter comme un enfant euphorique devant un sapin de Noël. Il passe ainsi, sans transition, du rôle du guerrier à celui de l’enfant capricieux et rieur.
Lorsqu’il est heureux, il partage sa joie avec une candeur déconcertante. Lorsqu’il est contrarié, il parle comme un enfant frustré : les gens sont méchants, les pays sont injustes. Tout est noir ou blanc. Cette oscillation entre dureté autoritaire et spontanéité enfantine participe d’une stratégie de communication très puissante. Et c’est précisément ce qui constitue une stratégie de séduction masculine redoutablement efficace.
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Comment Trump incarne une stratégie de séduction masculine efficace
Ce qui rend cette stratégie si puissante, c’est qu’elle repose sur une tension constante. Faire peur un instant, puis rassurer dans la foulée. Intimider, puis cajoler. Créer un contraste entre froideur et chaleur, distance et contact. Donald Trump l’a bien compris.
Un jour, une artiste peintre lui propose un portrait où il apparaît apaisé, presque sympathique. Ce tableau devait rejoindre une galerie de portraits présidentiels Trump le fait retirer immédiatement. Il le trouve trop gentil, trop doux, trop éloigné de l’image qu’il souhaite renvoyer.
À la place, il exige qu’on affiche une photo de lui avec un visage dur, fermé, voire menaçant. Un visage qui n’invite pas au dialogue, mais impose le respect. Ce choix est tout sauf anodin : il illustre à la perfection la stratégie de séduction masculine qui consiste à capter l’attention non pas par l’accueil, mais par la tension. Cette stratégie n’a rien de nouveau. Elle a été exploitée avec brio par les grandes figures du cinéma hollywoodien.
John Wayne, James Dean, Marlon Brando, puis plus tard Clint Eastwood : tous ont su jouer de leur silence, de leur retrait, de leur immobilité. Ils parlaient peu, serraient la mâchoire, regardaient sans se livrer. Elvis Presley, lui aussi, s’entraînait à adopter cette posture. Il voulait ressembler à James Dean, dont la carrière fut brève mais la légende immense. Elvis avait compris que le non-dit, le mystère, la retenue peuvent séduire bien davantage que le discours ou l’humour.
En France, Johnny Hallyday a repris cette posture d’homme un peu dur, un peu triste, un peu rock. Alain Delon, lui, a incarné le charisme glacial : une séduction instinctive, silencieuse, presque animale.
Quant à Johnny Depp, il y a ajouté une part de fantaisie, mais sans jamais renoncer à la distance. Tous ces hommes ont joué avec les codes d’une stratégie de séduction masculine fondée sur l’ambiguïté : celle de montrer peu, tout en laissant deviner beaucoup.
Les icônes du cinéma et la stratégie de séduction masculine silencieuse
Dans le domaine amoureux, cette posture fonctionne aussi. Un homme qui cherche à séduire n’a pas forcément besoin de compliments ni de jeux de mots. Au contraire, celui qui s’impose par sa simple présence, qui reste un peu fermé, qui semble ailleurs, attire souvent plus profondément. Ce type d’homme ne drague pas. Il ne tente pas de plaire. Il impose une tension, puis laisse entrevoir une faille, une douceur, un accès possible. Et c’est précisément ce contraste qui déclenche le désir.
Lorsqu’une femme, même belle, même courtisée, se retrouve face à un homme dont elle ne comprend pas immédiatement les intentions, elle est troublée. Elle y pense. Elle cherche à savoir si elle plaît. Et elle se met en mouvement, intérieurement. Ce doute, cette incertitude, réveille en elle un désir qu’aucune déclaration directe n’aurait su provoquer.
Cette dynamique, que l’on pourrait croire propre à la séduction masculine, existe aussi dans la stratégie de séduction féminine. Brigitte Bardot, par exemple, séduisait par ses silences, ses regards, ses gestes libres. Elle ne jouait pas, elle ne calculait rien, elle était. Et c’est cela qui la rendait irrésistible. À l’opposé, Meryl Streep propose une autre forme de présence. Elle reste en contact avec elle-même tout en étant profondément connectée à l’autre.
Elle ne cherche pas à séduire, mais elle impressionne par sa stabilité intérieure, par cette distance maîtrisée qui impose le respect et éveille l’attention. Chez elle, la séduction passe par la justesse, non par le jeu.
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La tension comme moteur du désir
Dans la quatrième de couverture du livre Les hommes cruels ne courent pas les rues, une phrase de l’actrice Louise Brooks résume parfaitement cette dynamique :
« Je n’ai jamais aimé que les hommes cruels. Les hommes gentils, c’est triste. On les aime beaucoup… mais sans plus. Vous connaissez une femme qui a perdu la tête pour un gentil garçon ? Moi, non. Un homme cruel est imprévisible. Il vous tient en haleine. »
Peut-être n’est-ce pas la cruauté elle-même qui attire, mais ce que cette cruauté symbolise : l’imprévisibilité, la tension, l’intensité.
Ce qu’on perçoit comme de la cruauté, c’est souvent le reflet d’une stratégie émotionnelle complexe. Elle joue sur l’ambivalence : donner et retirer, apparaître puis disparaître, accueillir puis repousser.
C’est peut-être cela, au fond, que l’on nomme stratégie de séduction masculine, et parfois aussi féminine : savoir créer du manque, du trouble, du mouvement intérieur. Et donner juste assez… pour ne jamais être oublié.