Boulimie et diabète : quand la guérison passe par la sécurité intérieure

Des années de psychanalyse n’ont pas traité sa boulimie, mais une psychothérapie de groupe l’en a délivrée. Elle prend enfin soin de son diabète. 

Le lien entre boulimie et diabète est souvent mal compris. Nombreux sont ceux qui pensent que tout repose sur la volonté : il suffirait de faire attention, de se contrôler, de manger équilibré. Mais ceux qui vivent une addiction alimentaire savent que le problème est ailleurs. Dans ce témoignage, une jeune femme raconte comment, après plusieurs années de psychanalyse, elle n’a vu sa boulimie disparaître qu’en rejoignant un groupe de psychothérapie. Ce n’est pas le régime qui a tout changé, mais la sensation d’être enfin en sécurité à l’intérieur d’elle-même. Un chemin qui l’a menée à vouloir vraiment prendre soin d’elle… et donc, de son diabète.

Boulimie et diabète : un cercle vicieux difficile à briser

Vivre avec un diabète implique une vigilance constante autour de l’alimentation. Mais lorsqu’on souffre de boulimie, cette exigence devient un véritable cauchemar. Crises alimentaires incontrôlées, culpabilité, tentatives de compensation… Le corps est malmené, et l’équilibre glycémique devient presque impossible à maintenir. Pourtant, les professionnels de santé insistent souvent sur la nécessité de « faire attention » à ce qu’on mange. Comme si c’était juste une question de discipline.

Mais la boulimie n’est pas un simple excès de gourmandise. C’est un trouble profond, souvent enraciné dans un sentiment de vide, de solitude, de honte ou de rejet. Le paradoxe, c’est qu’une personne boulimique peut très bien comprendre ce qui est bon ou mauvais pour elle — y compris l’impact des crises sur son diabète — sans pour autant réussir à changer son comportement.

Le problème n’est pas dans le savoir. Il est dans la capacité à se sentir suffisamment en sécurité pour ne plus avoir besoin de la nourriture comme d’un calmant.

Quand la psychanalyse ne suffit pas : la nécessité d’un cadre relationnel actif

La jeune femme dont il est question ici a consulté pendant des années. En psychanalyse, elle a exploré son histoire, ses traumas, ses conflits intérieurs. Cela lui a permis de mieux se comprendre, mais pas de guérir. Sa boulimie restait présente, obstinée. Elle ne criait plus aussi fort, mais elle était toujours là. Pourquoi ?

Parce qu’il ne suffit pas de comprendre pour changer.

Ce qui lui a manqué pendant toutes ces années, c’était une expérience relationnelle nouvelle. Quelque chose qui la fasse sortir de son isolement. Pas une parole seule, face à un thérapeute silencieux, mais une parole vivante, qui circule, qui se risque dans un groupe, qui reçoit des réponses.

C’est en rejoignant un groupe de psychothérapie spécialisé dans l’addiction alimentaire qu’elle a commencé à se transformer. Pas grâce à des conseils ou des injonctions. Mais parce qu’elle a senti qu’elle pouvait être elle-même sans être jugée. Elle a vu qu’elle n’était pas seule. Elle a reconnu des parties d’elle-même chez les autres, et cette reconnaissance a ouvert un espace nouveau : celui de l’authenticité partagée.

 

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La sécurité intérieure, clef du changement durable

Ce que cette jeune femme a trouvé dans le groupe, c’est un sentiment de sécurité intérieure qu’elle n’avait jamais connu avant. Dans ce climat de bienveillance, elle a pu peu à peu renoncer à l’anesthésie de la nourriture. La boulimie est devenue inutile, presque étrangère. Son besoin de se remplir a fait place à un besoin de vivre, de dire, de construire.

Et c’est seulement à ce moment-là qu’elle a pu penser à faire un régime. Non pas pour se punir, non pas pour obéir à une norme, mais parce qu’elle se sentait prête à prendre soin de son corps. Parce qu’elle s’était réconciliée avec elle-même.

Dans son cas, cette volonté retrouvée est aussi une nécessité médicale : elle est diabétique, et la prise en charge de son alimentation est essentielle. Mais cette fois, ce n’est plus une contrainte extérieure qui la pousse. C’est un désir intérieur : celui d’exister pleinement, en santé.

Le lien entre boulimie et diabète ne se résume pas à une question de calories ou de glycémie. C’est une relation complexe, souvent douloureuse, entre un corps qu’il faut contrôler et une émotion qu’on ne sait pas encore contenir autrement. Ce témoignage montre que la véritable guérison passe par une reconstruction de la personnalité, dans un cadre thérapeutique sécurisant. La volonté seule ne suffit pas. C’est la sécurité intérieure qui libère. Et c’est elle, paradoxalement, qui permet ensuite de faire des choix conscients pour la santé.

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